Raph,
Je sais que tu as essayé de me joindre. J’étais dans un escalier. J’ai décroché, mais rien. J’ai couru comme une folle jusqu’au pont 3 extérieur. Pas un chat, côté mer et déjà la nuit qui enveloppait tout. Au moment de réceptionner ton message, le bateau quittait le quai. Impression d’être happée vers un « nulle part », avec le poids de nos souvenirs et la charge émotionnelle de la journée comme un trop-plein.
La nouvelle de l’attentat de Charlie Hebdo m’est arrivée ce matin, alors que j’étais en train de plier mes affaires chez tes amis de Marseille. Et dire qu’hier, en roulant vers la gare, on était passés non loin des locaux ! Notre affect est maintenant amplifié par cet événement, qui se mêle étrangement à celui du départ.
Remercie vivement de ma part tes amis et surtout Arthur qui m’a aidée dans les dernières démarches. Malheureusement, pas le temps de visiter Marseille. Arthur a voulu me faire découvrir un troquet typique des vieux quartiers. Nous y avons déjeuné, mais c’est l’écran télé qui a capté toutes nos attentions. La nouvelle de la mort de Cabu, Charb, Wolinsky et des autres, est tombée comme un nouveau coup de tonnerre. Toute la clientèle pétrifiée. Tout Marseille ébranlée... Plus moyen de penser aux impératifs du moment. Je suis restée à écouter la bouche ouverte, oubliant le bateau.